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BALS DE LA REINE.

ques heures, formaient des palais ambulants. La distribution changeait souvent, et la salle de 1786 se fit surtout remarquer par son élégance.

On entrait d’abord dans un bosquet de verdure garni de statues et de buissons de roses, et terminé par un temple ouvert où était le billard. La verdure un peu sombre du bosquet rendait plus éclatante l’illumination du billard. À droite, de petites allées conduisaient dans la salle de danse et dans celle du jeu ; et pour conserver aux joueurs le tableau de la danse sans laisser évaporer la chaleur de ce beau salon, on avait clos une des portes par une énorme glace sans tain, transparente au point qu’il fallait y placer un suisse en sentinelle pour empêcher quelques maladroits de vouloir passer à travers.

La salle du bal était un carré long dans lequel on descendait par quelques marches. Tout autour régnait une galerie qui laissait la liberté de circuler sans nuire à la danse, qu’on pouvait examiner entre les colonnes ; c’était même de là que les personnes non présentées et admises dans les loges qui entouraient la salle en avaient la vue, et les pages avaient soin de leur y faire porter des rafraîchissements. À l’autre extrémité de la salle de danse était le buffet, qui terminait la perspective de la salle de jeu. Il était placé dans une demi-rotonde. D’énormes corbeilles de fruits et de pâtisseries séparaient de grandes urnes antiques remplies de liqueurs, dont les couleurs s’apercevaient au reflet des lumières. Quatre coquilles de marbre contenaient des