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SOUVENIRS D’UN PAGE.

en avait toujours un sur sa cheminée, où, pour le garantir d’une trop grande fraîcheur, on garnissait le marbre d’un coussin de velours.

Pour en revenir au porte-chaise, cette charge existait sous Louis XIV, et date sûrement de bien plus loin. En 1698, ceux qui possédaient cette dignité étaient le sieur Philippe Sennelier, et Jean, son fils, en survivance ; et pour le second semestre, le sieur Charles Hallier, sieur des Châteaux, et François Cornu de Sainte-Marthe, son gendre, en survivance. Ils avaient chacun six cents livres de gages et deux cents livres de récompense, mais ils n’avaient point bouche à la cour. Sans doute que la seigneurie des Châteaux provenait aux Hallier du produit des fameuses serviettes ; à moins toutefois que — s’il est vrai, comme l’ont avancé quelques mauvais auteurs protestants ou jansénistes, que les jésuites achetassent très-cher la chaise royale, pour découvrir dans les papiers quelques importants secrets — le fief des Châteaux n’eût été le produit de cet étrange commerce.

Le duc de Saint-Simon, si je ne me trompe, nous dit dans ses Mémoires que Louis XIV, dans son jeune âge, donnait audience à ses favoris dans l’attitude où nous avons surpris tout à l’heure le bon roi Louis XVI. Si le fait est vrai, cela devait donner une certaine importance à la charge du porte-chaise, puisqu’il devait se trouver admis à des entretiens fort secrets. Mais Louis XVI, moins familier, n’avait, pour remplir cette charge, que des tailleurs dont je n’ai pu retenir les