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PORTE-CHAISE D’AFFAIRES.

dans les petits appartements, un cabinet plus somptueux, construit à l’anglaise, en marbre, porcelaine et acajou, où sa présence était inutile. Le roi éprouva là un jour une aventure très-comique, que je tiens du garçon du château qui courut à son secours, et dont la vraie place, je crois, ne peut être que dans ce chapitre, absolument étranger à la politique.

Le roi s’assit un jour sur son trône, non pas sur ce trône du haut duquel il recevait une solennelle ambassade ou tançait un parlement rebelle, mais sur ce trône dont le porte-chaise avait la direction. Dans sa précipitation, il ne s’était point aperçu qu’un énorme angora s’était enroulé dans la conque de faïence pour y goûter en paix l’isolement et la fraîcheur. Pendant un certain temps, tout alla bien du côté de l’animal ; la privation d’air n’avait point interrompu ses ron-ron. Mais à un moment donné, qu’il n’est point facile de désigner et que l’on devine, le matou se fâcha bel et bien, et témoigna son mécontentement par des efforts extraordinaires pour sortir de sa malencontreuse position. Le roi, aussi effrayé que surpris de cette véritable attaque à main armée, prit aussitôt la fuite, le haut de chausses à la main, et courut se pendre à toutes les sonnettes, tandis que de son côté, le captif, dans un piteux accoutrement, brisait porcelaines et vases, cherchant partout une issue qu’on se hâta de lui offrir.

Cette anecdote, que je garantis, ne pouvait amuser Louis XVI, qui n’aimait pas les chats. En cela, comme en bien d’autres choses, il différait de Louis XV, qui