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LITS DE JUSTICE.

Le parlement, autrefois simple conseil du roi, s’en vit séparé quand, déclaré stable, il cessa de le suivre à l’armée ou dans ses voyages. Mais il resta toujours le conseiller du monarque, et donnait son avis sur les lois que le conseil privé avait présentées ou que le roi lui-même avait conçues. « Le souverain le consulte, dit Ferrand ; éclairé par son avis, il donne le sien, et le sien fait la loi… Si, après avoir pesé les observations, le souverain juge que la loi doit être donnée, il sera obéi, parce qu’il ne doit y avoir qu’une autorité dans l’État. » Ce passée fait assez comprendre, je crois, l’institution du lit de justice ; ce n’était qu’une assemblée où le roi déclarait au parlement que son intention était de promulguer sa loi, et où il ordonnait qu’elle fût enregistrée, pour qu’eût eut toute sa force. « L’opposition passive à cette dernière mesure est la seule qu’ils se permettront, et ils n’élèveront jamais une autorité rivale de celle dont ils ne sont que les dépositaires… Ce n’est pas que par une résistance passive et raisonnée il (le parlement) ne cherchât et ne parvînt même souvent à l’éclairer (le roi) ; quelquefois, par sa respectueuse fermeté, il obtenait un triomphe complet. »

Tels étaient à peu près les devoirs et la conduite de ces compagnies dans des temps plus reculés. Quel contraste de ce rôle si sage avec celui que nous leur avons vu ambitionner de nos jours ! Qu’il y avait loin de cette opposition passive à ces tentatives multipliées d’élever leur puissance au niveau si ce n’est au-dessus de celle du roi ; à ces refus factieux d’enregistrer des