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CÉRÉMONIES.

de madame Necker, qui n’avait pas la pruderie de sa mère, madame de Staël. Après le souper on joua un petit opéra intitulé : Syncope ; c’était une parodie très-spirituelle d’un grand opéra de Pénélope.


Le roi dînait tous les dimanches en public, avec la reine, dans l’antichambre de l’appartement de celle-ci. Ce dîner n’était, pour la reine, qu’une représentation ; elle dînait ensuite chez elle. Mais le roi y mangeait, si je puis me servir de cette expression, avec toute la franchise de son caractère. Son tempérament sain et vigoureux, soutenu par un exercice continu, lui donnait un appétit qu’il satisfaisait avec une bonne humeur qui faisait plaisir à voir.

Le grand couvert n’avait lieu que les jours de cérémonies, c’était aussi chez la reine. La famille royale seule y était admise, et les princes du sang n’y prenaient part que le jour de leur mariage. Une musique brillante se faisait entendre pendant le repas, servi dans la plus belle vaisselle de la couronne. Le roi et la reine avaient près d’eux leurs nefs ou cadenas, c’est-à-dire des cassettes en vermeil contenant le sel, le poivre, les couverts et les couteaux.

On se rappelle qu’un jour que Louis XIV était à son grand couvert, on lui jeta sur la table un paquet de galons qui avaient été volés dans la tribune de la chapelle. De mon temps, un miroitier qui nettoyait les glaces de la galerie dégalonna en plein jour environ quarante rideaux de fenêtres. Peut-être eût-il restitué