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SOUVENIRS D’UN PAGE.

reste, la piété éclairée de Louis XVI ne pouvait laisser de doute que son cœur ne le portât à la chapelle bien mieux que le cérémonial.

C’était à midi, – ou plus tôt si le lever se faisait plus matin, – que le roi, sortant de son appartement par une porte de glace, communiquant du cabinet du conseil à la galerie, traversait tous les grands appartements et se rendait à la tribune, précédé des pages, des écuyers, des gentilshommes, des officiers des gardes, et suivi du capitaine des gardes.

Tous les dimanches la famille royale se réunissait pour la messe. Les princes se rendaient chez le roi, et le cortége en sortait quand la reine elle-même quittait son appartement par le salon de la Paix, au fond de la galerie. Cette multitude d’officiers, de dames magnifiquement parées, s’avançant au milieu d’une foule de curieux, dans cette longue pièce, l’un des plus beaux monuments de ce genre qui soient en Europe, formait le coup d’œil le plus imposant.

La chapelle de Versailles se composait pour ainsi dire de deux étages. La tribune était au haut, et de chaque côté régnait une galerie où se plaçaient les personnes du service qui ne pouvaient trouver place dans la tribune, ainsi que les étrangers. La tribune était très-grande. Elle était bordée, sur le devant, d’une balustrade de marbre sur laquelle on jetait un grand tapis de velours cramoisi à franges d’or, et à chacune de ses extrémités se trouvait une lanterne dorée et fermée de glaces, pouvant contenir une seule