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ÉTIQUETTE ET USAGES DIVERS.

encore, dans l’espoir d’être assez heureux pour obtenir une parole du souverain. C’est qu’il fallait être très-familier avec le roi pour lui adresser la parole ; ce qu’on ne faisait jamais qu’à la troisième personne : « Le roi a-t-il fait une chasse heureuse ? Le roi n’est-il plus enrhumé ? » Le dernier maréchal de Duras est un de ceux que j’ai vus les plus libres avec le roi ; il l’était même plus que ceux qui avaient été élevés avec le monarque.

On ne doit pas s’attendre à ce que je fasse ici un cérémonial complet, en donnant le code du service de chaque officier ; ce serait un travail immense et fastidieux. Je rappellerai seulement quelques-uns des usages qui m’ont le plus frappé.

Il en est un dont j’ignore complètement l’origine. Il consistait à apporter, tous les soirs, sous le chevet du lit du roi, un petit paquet du linge nécessaire pour changer, attaché à une petite épée de deux pieds de long. Les cabinets où étaient déposées les hardes du roi étaient éloignées, à la vérité ; mais pourquoi ne pas avoir une certaine quantité de linge en réserve dans un coffre, comme le valet de chambre barbier avait, dans une malle de velours cramoisi, une certaine quantité de bonnets, de coiffes, etc. ? Pourquoi d’ailleurs cette épée, si courte qu’elle ne pouvait être d’aucune utilité ?

L’usage d’apporter, tous les soirs, dans la chambre du roi, un pain, deux bouteilles de vin et un flacon d’eau à la glace, se comprend plus facilement. Les