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LEVER DU ROI.

sunce. La conversation amena un pari qui, de ces deux courtisans, également en faveur, aurait le bougeoir au coucher du roi ? M. de Conflans, très-accoutumé à cet honneur, soutenait que M. de Belsunce l’aurait plutôt que lui. On se rend au coucher. M. l’abbé de Montazet, intéressé dans le pari, d’ailleurs aussi gai qu’aimable, se proposa bien de faire gagner son parti, c’est-à-dire M. de Belsunce. En effet, après la prière, le roi envoie le bougeoir à M. de Conflans, très-étonné de se voir découvert dans un coin où il tâchait de se cacher. Le malin abbé, au lieu de réciter à demi-voix l’oraison, avait prévenu le roi de ce qui s’était passé chez Madame de Polignac.

Ce marquis de Conflans, fils du maréchal d’Armentières, était un des plus beaux hommes de France, et le meilleur officier de troupes légères de l’armée. Une transpiration abondante à la tête l’obligeait à ne point porter de poudre, et à faire usage d’une coiffure aussi extraordinaire alors qu’elle est commune de nos jours. Mais cette simplicité demandait à M. de Conflans beaucoup de temps et de soins, par l’art qu’il y apportait. Très-estimé du roi, en faveur chez la reine, il mourut subitement, en se lavant les mains pour se mettre à table, dans un âge encore peu avancé.

Revenons au coucher. La prière finie, le roi ôtait son habit, dont la manche droite était tirée par le grand-maître de la garde-robe, le duc de Liancourt, et la gauche, par un premier-maître, M. de Boisgelin ou de Chauvelin, et toujours en descendant, si les pre-