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IV
SOUVENIRS D’UN PAGE.

notables de chaque province, pour donner au gouvernement leur lumineux avis ; ils n’y apportent que l’esprit de fronde ; et au lieu de soutenir la patrie, ils ne font que contribuer à en préparer la ruine, saper l’autorité royale et creuser le précipice où bientôt eux-mêmes seront engloutis. Nous voyons ensuite arriver ces États généraux qui de tout temps avaient donné lieu à des dissensions plus ou moins graves, et qui, alors, furent comme le signal des plus affreux désordres. On vit se produire, presque dès leur apparition et après eux, ces scènes d’horreur dignes des sauvages du nouveau monde, qui montreront à quels excès peut se laisser emporter un peuple remuant qui a foulé aux pieds sa religion et ses lois.

Sans entrer dans l’historique de ces divers événements, j’en rapporterai ce qui s’est passé sous mes yeux. Je parlerai aussi de quelques hommes célèbres sous l’ancien règne, desquels j’ai vu le déclin ; je parlerai aussi de quelques autres qui se sont vu abattre au début de leur carrière. Les principales résidences royales me rappelleront une anecdote, un fait quelconque ; de sorte qu’en les parcourant, défenseur fidèle de la vérité, j’aurai l’occasion de démasquer la hideuse calomnie qui, pendant tant d’années, a distillé son venin sur une illustre et malheureuse famille, et qui se vit aidée dans ses noirs complots par les serviteurs et par les parents mêmes de ces augustes victimes. Je montrerai Louis XVI dans son intérieur, exempt des vices dont on l’a gratifié ; et ce que je n’ai pu voir moi-même, je l’emprunterai à des témoins irréprochables ; enfin, le mot vérité est l’épigraphe de mon livre, et comme j’ai vu, j’ai peint.