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LES GARDES.

costume des libérateurs de la Suisse : les larges hauts-de-chausses tailladés, le pourpoint, la fraise gaudronnée et la toque à plumets. Quand ce large bataillon s’avançait pesamment dans la cour royale, avec ses lourdes pertuisanes, au roulement d’énormes tambours qui ne réussissaient pas à couvrir le son aigre d’un petit fifre, et précédé de son vieux drapeau qui remontait au temps d’Henri II, on croyait voir l’élite d’un canton allant conquérir la liberté contre l’oppresseur de la patrie. Hors ces jours de fêtes, les cent Suisses portaient un habit français bleu, galonné en or, et le reste de l’habillement en rouge ; mais ils conservaient leur hallebarde, avec laquelle ils montaient la garde dans différents postes, et dans leur salle, qui précédait celle des gardes du corps.

Le brave duc de Brissac, massacré à Versailles parmi les prisonniers d’Orléans, au mois de septembre 1792, commandait cette compagnie.

Les gardes de la porte gardaient, en effet, la principale grille de la cour royale, pendant le jour seulement. Ils ne l’ouvraient qu’à l’heure indiquée pour le lever du roi, ordinairement à onze heures et demie. Ils devaient connaître aussi ceux qui avaient le droit de faire entrer leur voiture dans cette cour. Cette faveur, qu’on appelait les honneurs du Louvre, était réservée aux princes, aux maréchaux de France et aux ambassadeurs. Les autres voitures s’arrêtaient dans les cours adjacentes. Sans pouvoir dire si c’était par suite de quelque négligence, ou toute autre cause,