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SOUVENIRS D’UN PAGE.

versés, et leurs têtes ont roulé sur l’échafaud. Car ce que la hardiesse n’a point osé entreprendre, de secrètes cabales l’ont opéré ; elles ont paralysé le bras de ces guerriers et émoussé le fer de leurs armes.

À mon arrivée à la cour, les gardes du corps seuls, avec une compagnie de cent Suisses et une compagnie de gardes de la porte, formaient toute la défense intérieure. Je n’y comprends point les gardes françaises et suisses, qui pouvaient être considérées comme une garnison et dont le service était extérieur.

Les gardes du corps étaient environ treize cents. Ils servaient par quartiers, et pendant leurs trois mois ils passaient alternativement une semaine au château, une à l’hôtel pour les chasses, et la troisième où ils voulaient. Ainsi, cent gardes du corps et quelques centaines de Suisses formaient toute la défense du palais.

Pour être reçu garde du corps il fallait avoir la taille et de plus être gentilhomme. Cette dernière condition n’était plus très-exactement suivie, car la noblesse préférait le service de l’armée à celui des gardes du corps, qui n’étaient que des soldats galonnés. C’était la noblesse pauvre, et surtout celle des provinces méridionales, qui fournissait le plus de sujets, mais non pas toutefois le plus d’officiers, car ces places étaient très-recherchées, tant à cause du grade que pour la facilité qu’elles donnaient de se faire connaître en approchant souvent du roi.

Ce corps était habillé de bleu ; veste, culotte et bas rouges ; le tout galonné d’argent. La richesse de l’uni-