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SOUVENIRS D’UN PAGE.

de quelqu’un, ou complimenter sur un événement de famille, c’était un page, suivi du palefrenier, qui était chargé de cette commission.

À l’armée, les pages devenaient les aides de camp des aides de camp du roi, et apprenaient, à la source du commandement, à commander un jour. Ils portaient aussi les armes du monarque quand il était encore d’usage de se revêtir d’une cuirasse. Tout page sortant, au bout de trois ou quatre ans, avait le droit de choisir une sous-lieutenance dans un corps ; et les premiers pages de la chambre du roi, des écuries et de la reine, avaient une compagnie de cavalerie et une épée.

La hiérarchie des pages, dans leur intérieur, se partageait en trois degrés : Les anciens, qui avaient pouvoir absolu sur les nouveaux au bout de deux âns. Les seconde-année, espèce de mixtes, nommés sémis, qui n’étaient point commandés et qui ne pouvaient se faire obéir, mais que, à la moindre faute envers les seigneurs anciens, on faisait mettre par les nouveaux sous huit robinets qui versaient abondamment de l’eau dans une cuve de marbre de la salle à manger. La première année se passait dans le noviciat de la nouveauté, noviciat des plus rudes. L’obéissance la plus entière et la plus passive était la première qualité d’un nouveau ; et bien des jeunes gens arrivant de leur province, peu pénétrés de ce principe, étaient reçus de manière à en être bien vite persuadés. Un nouveau n’avait rien à lui ; toujours prêt à obéir au moindre