au coucher pour lui donner ses pantoufles. Je décrirai plus tard la manière dont se faisait ce service tout à fait singulier, car il était unique de faire veiller deux enfants pour donner une pantoufle. Mais, si le prince, sous prétexte d’intérêts particuliers, s’était relâché sur quelques points, on aurait bientôt vu s’évanouir toute la majesté qui doit entourer le trône et le souverain.
L’esprit réformateur du cardinal de Brienne n’oublia pas les pages. Quarante pages de la petite écurie et les deux de la vénerie disparurent de Versailles, en attendant que la Révolution vînt ensuite détruire les autres établissements de ce genre. Il ne resta que la grande écurie, qui vit ses cinquante pages chargés du service de toute la cour, même de celui des pages de la chambre qui, malgré leur petit nombre, n’échappèrent pas à la culbute ; et notre jeunesse nous incorporer tous à la grande écurie.
Il me serait très-difficile de bien peindre cette bruyante réunion, et de caractériser l’espèce de gouvernement qui y régnait. L’autorité des anciens sur les nouveaux en faisait une espèce d’oligarchie ; mais la dureté de cette autorité, la soumission profonde qu’il fallait lui montrer, la faisaient approcher du despotisme, tandis que la licence qui régnait parmi les membres de cette petite société, et le peu de respect qu’ils professaient pour le gouverneur, présentaient le spectacle d’une république, si ce n’est même d’une anarchie complète. Aussi, malgré les nombreux maîtres et professeurs qu’on y avait, l’éducation était nulle. Malheur à