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LE DUC D’ENGHIEN.

de régner et d’usurper le diadème, craignant que Jonathas ne s’y opposât, les armes à la main, il chercha à se saisir de lui pour le mettre à mort. (I, Mach., c. xii.)

Le procès-verbal de l’exhumation de ce malheureux prince, faite le 21 mars 1816, a confirmé la plupart des détails que j’ai donnés sur ce crime atroce.

On s’était assuré, par des témoins oculaires, de la position du tombeau, et l’on avait reçu la déposition d’un vieux paysan, âgé de 80 ans, le même qui avait creusé la fosse deux heures après l’arrivée du prince au fort.

À peine les fouilles furent-elles commencées, qu’on aperçut une botte assez bien conservée, dans laquelle on retrouva les os du pied et de la jambe ; on rencontra ensuite la tête, et l’on put juger dans quelle direction le corps était placé. La face était tournée vers la terre ; une jambe était restée dans une position presque verticale, les bras contournés vers le dos. On a pu rassembler aussi une partie des cheveux. Une pierre assez volumineuse paraissait avoir été jetée à dessein sur la tête, dont les os étaient fracassés. Toutes ces dépouilles, déposées sur un linceul, furent renfermées dans un cercueil.

On retrouva également un certain nombre de ducats d’Allemagne, une bourse de cuir dans laquelle se trouva un louis et quelques pièces d’argent, un anneau et une chaîne d’or que le prince portait habituellement au cou. Le chevalier Jacques, arrêté avec le prince, avait annoncé d’avance que ces objets se