brillant de givre, qui porte à chaque branche des bougies allumées et des bonbons, des jouets, des oranges pour les enfants. En Bretagne, on laisse, cette nuit-là, sur la table la part des morts. Ah ! quelle multitude d’ombres chères viendront, cette fois, flotter autour des tables vides, comme les morts au pays des Cimmériens !
En Provence, où la terre et le ciel, d’une beauté grecque, communiquent aux esprits une grâce ingénue, subsistent encore des usages, des sentiments, qui semblent antiques et païens. C’est ainsi que, sur les bords de la mer bleue, le villageois met dans le foyer un vieux tronc d’olivier séché avec soin et le couronne de lauriers. Le foyer fume et pétille, la flamme jaillit et le maître de la demeure ordonne au plus jeune enfant de la famille d’invoquer le feu. Sans le savoir, il répète les rites par lesquels, dans l’Inde, ses lointains aïeux adoraient Agni, qui, dans son char traîné par des chevaux flamboyants, porte aux dieux les offrandes des hommes. Il dicte à l’enfant les paroles consacrées :
« Ô feu ! réchauffe pendant l’hiver les pieds du vieillard et de l’orphelin, envoie un tiède rayon dans la plus humble chaumière ; garde-toi de dévorer le toit du pauvre laboureur et le navire