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les pansait souvent de ses propres mains, leur faisait apporter le repas qu’on lui avait servi, ne se réservant que des restes grossiers, encore n’en mangeait-il que juste ce qu’il fallait pour ne pas mourir. Quand il tut relevé mort sur le champ de bataille d’Auray, il avait, sur sa chair nue, un cilice de crins bruns, comme celui de saint Yves, et par dessus, l’habit de ce saint prêtre qu’il porta constamment comme pour mettre ses austérités sous les auspices de ce saint et les rendre plus méritoires aux yeux de Dieu.

Pendant sa captivité en Angleterre, le bon duc s’était appliqué à composer un ouvrage de piété, en l’honneur de saint Yves. Il y passait en revue les principaux saints, et les comparait un à un avec son héros. C’était, disait-il, un saint Denys en sublimité de contemplation ; un saint Athanase en constance ; un saint Basile en austérités ; un saint Cyprien en générosité ; un saint Grégoire en vigilance et en sollicitude ; un saint Augustin en douceur ; un saint Ambroise en majesté ; un saint Jean Chrysostôme en éloquence ; un saint Bernard en dévotion à Marie. L’ouvrage était sans doute composé en guerz, ou prose-rimée, assez en usage à cette époque, pour être chanté le soir à la veillée ou sur la place