Page:France - Saint Yves.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

recevoir nos services et les récompenser au centuple. C’est dans cette pensée de foi profonde que cet humble prince se faisait un devoir de servir les pauvres, avec le même respect et presque le même culte que si Jésus-Christ avait été présent en personne sous les haillons de leurs misères. Il leur lavait les pieds, leur baisait les mains, puis leur faisait apporter tout ce qui était servi de plus succulent à sa table. Souvent il les faisait dîner dans sa maison, et se gardait bien de prendre son repas avant de les avoir servis de ses propres mains. Si parmi eux il s’en trouvait un plus misérable ou plus malpropre que les autres, c’est à lui qu’il réservait ses plus affectueuses tendresses. On croirait, en lisant la vie de ce prince, être tombé sur quelques pages égarées de l’histoire de saint Yves, tant il y a d’intimes rapports entre ces deux saintes vies.

Plus riche que le modeste seigneur de Kermartin, Charles put le dépasser en largesses et en générosité. Il avait aussi hérité de son père d’un grand amour pour les pauvres, et dès qu’il fut duc de Bretagne, il bâtit pour eux plusieurs hôpitaux, à Guingamp et dans les villes où ils avaient le plus à souffrir. Il y visitait souvent les malades, s’approchait de leurs lits, se faisait montrer leurs plaies et