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pelle y fut aussi transporté, mais jamais on n’y a dit la messe. À gauche de l’autel, dans une petite cassette vitrée, l’on voyait un crâne et quelques ossements. C’étaient, dit-on, les restes du dernier des Clisson, mort cordelier au couvent de Saint-François, en Ploug’uiel. Au-dessous était une espèce de monument avec un écusson de neuf pièces peint de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, sans aucune connaissance de l’art héraldique, par le premier venu. Cet étrange écusson est soutenu par deux lions, et aux deux extrémités de la pierre tumulaire, se voient la Sainte-Vierge et l’Enfant-Jésus, puis saint Yves en mosette avec son aumônière.

On aimait, en descendant la grand’rue, à voir cet élégant reliquaire, au milieu d’une touffe d’arbres verts, et c’était d’ordinaire le but de la promenade des mères et des enfants dans l’après-midi, aux beaux jours de l’été. De là on a une magnifique vue de Tréguier, penché en amphithéâtre jusqu’au beau port qui termine ce paysage. Mais hélas, c’était l’occasion d’un culte superstitieux, auquel se prêtait le quartier du voisinage, avec une complaisance trop coupable, «  culte parasite, dit M. Ropartz, enté sur la sainte pratique d’un culte vrai. » Le chrétien instruit, au moment où se discutent