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extrême ne l’empêcha pas d’aller, aussitôt après la messe, confesser les quelques personnes qui sollicitaient de lui cette grâce suprême.

Le jeudi, ne pouvant plus ni célébrer ni tenir debout ou assis, Yves se coucha sur son pauvre grabat et força longtemps ses lèvres défaillantes à prononcer les prières qui lui étaient habituelles. Bien plus, à mesure que ses membres s’affaiblissaient, il semblait que son esprit, se dégageant peu à peu de sa prison, avait des élans de ferveur plus forts et plus touchants. Il montrait le ciel à ceux qui l’assistaient dans ses souffrances, les consolait par ses paroles édifiantes, et leur prêchait encore le royaume de Dieu. L’Evêque de Tréguier, Mgr Geffroy de Tournemine, s’empressa d’aller bénir le pieux mourant. Quelques membres de l’officialité et des chanoines de la cathédrale vinrent aussi le visiter, et firent tous leurs efforts pour le décider à laisser mettre un peu de paille, au moins, dans son lit et sur la pierre où reposait sa tête. «  Non, leur répondit-il, je ne mérite pas cet adoucissement, et j’ai tout ce qu’il me faut. » Les mains jointes, et les yeux fixés sur un crucifix peint à la muraille, il continua ainsi de prier avec la plus grande ferveur.