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sont bien primitifs ; mais la corde sensible y domine toujours ; soit qu’ils fassent danser les jeunes gens, aux pardons du bourg et aux noces du village, on croit entendre des pleurs dans leurs cordes humides !

On ne se sent pas cependant malheureux en Bretagne : on s’y plait, on s’en éloigne le cœur serré et seulement quand il le faut. Nul plus que le breton n’est sujet à ce terrible mal du pays qu’il appelle aussi : Kleved ar ger, et contre lequel il n’y a qu’un remède, le retour. Oui, il y revient avec bonheur ! La vue de son clocher, l’angélus du soir, le chant des oiseaux à la tombée de la nuit, cela suffit pour consoler le pauvre voyageur qui regagne son pays et le délasser de toutes ses fatigues. Quelqu’un dira peut-être qu’il n’en est plus de même aujourd’hui. Je n’en crois rien, et, si un jour ce devait être une vérité, je dirais à mon tour avec le moine Gildas : C’en est fait de la Bretagne : finis Britanniæ.

Cette digression un peu longue m’est inspirée par la vue du portrait de notre Bienheureux, pris des Grandes Chroniques d’Alain Bouchard et placé en tête des Monuments Originaux. L’on se représente difficilement saint Yves sous ces traits d’une rudesse exagérée. Il n’y a rien de moins breton, si ce n’est