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absente ! Pour le breton, cette patrie est le ciel d’où il lui sera permis de voir encore sa chère Bretagne. Pénétré de cette grande pensée, il voit venir la mort sans crainte et sans horreur, soit qu’il expire au milieu des siens ou sur le champ de bataille où il est toujours prodigue de sa vie.

En Bretagne, le chant, la musique, la poésie, ces manifestations sublimes des sentiments de l’âme, sont comme l’écho de quelque chose qui manque ici-bas. Le poète breton pleure ; son chant est triste, un peu monotone, comme la voix qui l’exprime, et cependant on ne se lasse ni de l’entendre ni de le lire. Le théâtre, chez nous, se borne à quelques tragédies ou à la vie d’un personnage malheureux : on aime à pleurer au spectacle. Les Barzas-Breiz, ces délicieuses poésies d’un autre âge, glanées par M. de la Villemarqué dans nos landes fleuries, Chateaubriand, Brizeux, pour ne rappeler que les plus brillants de nos poètes, ont touché vivement cette corde si sensible de l’âme humaine, la douleur ! Ils pleurent, ils gémissent, et ceux qui apprennent leurs beaux vers pour les chanter le soir à la veillée, ou bien le lendemain, sur le versant de la montagne, semblent pleurer comme eux. Les instruments de musique vraiment bretons,