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blement la demande du saint prêtre ; il lui permit de faire abattre autant d’arbres qu’il lui en faudrait et à son choix. Yves ne se le fit pas dire deux fois. Après avoir remercié le seigneur, il fit marquer et couper les plus beaux troncs de la forêt. Les familiers du château dénaturèrent les intentions du zélé recteur, et le dénoncèrent à leur maître, comme voulant détruire tout son bois, sous prétexte de restaurer son église. Pierre trop crédule se mit en colère et renvoya avec force injures le bon prêtre, qui était venu lui témoigner sa reconnaissance, au nom de saint Tugdual. « Le Dieu pour lequel je travaille, répondit Yves avec douceur, récompense au centuple tous les sacrifices que l’on fait pour lui. Vous pouvez vous en convaincre vous-même. Allez demain dans votre forêt et vous serez témoin de la vérité de mes paroles. »

Le seigneur fut désarmé par cette contenance du saint. Le lendemain donc, Yves ayant dit la messe dans la chapelle du château, tous, seigneur et valets entrèrent dans le bois et furent merveilleusement surpris, en voyant, par le plus grand des miracles, sur chaque tronc coupé la veille, s’élever trois autres arbres beaucoup plus grands et plus majestueux. Le seigneur de Rostrenen, à la vue