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et s’adonnait tellement à ce saint ministère, qu’il en oubliait le boire et le manger. De retour le soir au logis, après avoir prêché tout le jour, il ne pouvait, dit-il, tenir sur bout, tant il estoit faible. Quelquefois, partant le matin de Kermartin, il prêchait le même jour à la cathédrale de Tréguier, à Trédarzec et à Pleumeur-Gauthier. Enfin, un jour de Vendredi-Saint, comme il racontait la douloureuse Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans l’église de Pleubian, la foule disait que c’était la septième église où il prêchait ce jour-là. Après ce sermon, il se trouva tellement brisé par la fatigue, qu’il ne put regagner son manoir qu’appuyé sur le bras de son ancien condisciple, Yves de Troézel, qui était venu l’entendre. Aucun des sermons de saint Yves n’est parvenu jusqu’à nous, mais le fruit de ses prédications et de son zèle apostolique n’a pas été perdu au pays de Tréguier. On a toujours conservé, dans ces campagnes évangélisées par le saint prêtre, l’amour de la religion, un grand fond de piété et des habitudes de mœurs pures qui distinguent en général la jeunesse du pays.