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prières, à genoux, sur le plancher. Un ange, disait Amice, a dû le nourrir pendant ce temps, car ses traits n’étaient nullement altérés. Depuis ce moment on ne le dérangea plus de ses extases et il fut encore, quelque temps après, quinze jours sans rien prendre.

Les pauvres ne sont pas toujours bien faciles à soulager : tout leur manque. Comme les oiseaux du ciel et les fleurs des champs, ils sont sans prévoyance, il faut pourvoir à tous leurs besoins. Yves, retournant de la Roche-Derrien, un jour de marché, qui était comme aujourd’hui le vendredi, fit la rencontre d’un pauvre qui paraissait bien malheureux. « Prenez ce pain, lui dit-il, en tirant de sa poche un grand morceau de pain qu’il avait acheté aux portes de la ville, prenez ce pain et que Dieu vous bénisse ! » — « Que voulez-vous que j’en fasse, répondit ce malheureux ? Je vais mourir de froid comme vous le voyez ; je souffre cruellement de la fièvre ; je n’ai pas de vêtements. » Yves n’avait qu’un habit, n’importe ! il s’en dépouille pour couvrir les membres glacés de ce malheureux, puis s’en retourne comme il peut, et envoie Rivoal Le Floc’h, son tailleur, à la Roche, acheter trois aunes de bure, pour lui faire un autre vêtement.