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couler avec abondance, à la pensée que lui-même serait jugé un jour !

Les frères Potarn de Lanmeur, dont l’un fut son compagnon d’études, étaient en procès avec leur beau-père, Geffroy de l’Isle, de la paroisse de Plougasnou, pour quelques arpents de terre. Personne ne pouvait les mettre d’accord. Yves lui-même y avait perdu sa peine. Un jour il les rencontra en même temps dans la cathédrale de Tréguier. Il alla aussitôt à leur rencontre, et leur dit, les larmes aux yeux : « Pour l’amour de Dieu, je vous en supplie, faites donc la paix entre vous. » Ils répondirent tous les trois qu’ils réclamaient leurs droits et ne céderaient jamais. Yves devant, dans quelques instants célébrer la messe, leur dit de l’attendre et de prier. « Après la messe, ajouta-t-il, vous viendrez encore me trouver. » Ils assistèrent eux-mêmes au Saint-Sacrifice et sentirent aussitôt quelque chose de changé en eux. Aussi virent-ils avec plaisir le saint prêtre revenir à leur rencontre après la messe. « Monsieur, lui dirent-ils, faites de notre procès ce que vous voudrez ; nous nous soumettons entièrement à votre jugement. » C’est ce qu’ils firent, en effet, et Geffroy ne put s’empêcher d’affirmer qu’il regardait cette réconciliation