Page:France - Saint Yves.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quefois temporel de tout un pays ! Ajoutez à cela des droits mal définis, des coutumes locales qui avaient force de loi, et variaient d’un diocèse à l’autre, et souvent même dans deux paroisses limitrophes, et vous comprendrez combien il fallait de connaissances et d’habitude pour débrouiller ce chaos. La vénalité des tribunaux, la pression exercée par les seigneurs sur les juges, l’abandon des droits du pauvre qui n’avait personne pour le défendre, c’était la plaie du siècle qui passait. Yves qui s’était constitué l’avocat des pauvres et des malheureux, était désigné par tous comme devant être leur juge.

Il n’est pas impossible que, dans sa carrière d’avocat, Yves de Kermartin ait commencé à faire le résumé des différentes coutumes locales, pour en constituer un corps de lois qui, depuis, a régi la province de Bretagne. C’est, en effet, une vingtaine d’années après sa mort qu’en a paru la première rédaction. Toutes ces considérations, jointes à la réputation de notre bienheureux, déterminèrent l’évêque de Tréguier à le choisir pour son officiai. Inutile de dire combien ce choix fut agréable au clergé trécorrois, justement fier de l’éclat dont avait été entouré jusque là leur illustre compatriote.