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Une autre fois, c’est une veuve de Tréguier, nommée Alice Hamon, qui avait à se défendre à l’auditoire de Guillaume de Tournemine, contre un nommé Prigent, de la paroisse de Ploézal. L’avocat choisi par la veuve fut Yves de Kermartin. Prigent en avait un autre doué de beaucoup d’audace et de peu de science, à ce qu’il paraît. À défaut de raisons, il accabla son adversaire de toute espèce de noms injurieux. « Trêve d’opprobres et d’insultes, répondit Yves avec beaucoup de calme, tout cela n’affaiblira pas ma cause et ne rendra pas la vôtre meilleure. »

Le nombre des procès que plaida Yves de Kermartin devait être bien considérable, en un temps où il n’y avait pas encore de lois écrites et connues du public. Le Droit coutumier n’était pas le même partout ; la rédaction de la Très Ancienne Coutume de Bretagne n’ayant pas encore été faite, les causes devenaient difficiles à plaider, et donnaient lieu à bien des chicanes où le plus fort l’emportait souvent. Yves, devenu officiai et prêtre, a continué, quand l’occasion s’est présentée, de plaider encore à Tours et devant les autres officialités, pour les pauvres et les malheureux auxquels il avait d’avance consacré sa vie. Quand il se fut démis de