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et en rechignant, les préceptes des philosophes. Aux époques troublées, dans les jours de violence, il y eut de brusques retours au passé.

Les législateurs de l’an IV tentèrent de défendre la liberté comme les Parlements défendaient la monarchie et l’Église. La loi du 27 germinal punit de mort la provocation à la dissolution du gouvernement et au rétablissement de la royauté. Cette loi furieuse ne sauva pas la République.

Et vous croyez aujourd’hui que la menace de six mois de prison et de cinq cents francs d’amende empêchera ce que n’ont pu empêcher la corde et la roue, et plus tard la guillotine ! Et vous croyez à l’efficacité de vos peines dégénérées !

La liberté seule est efficace, si elle est pleine et entière. Elle seule est bonne et salutaire.

Vous la devez à la presse, non pas seulement à la presse qui la mérite par sa prudence, mais à la presse telle qu’elle est, sage ou folle. Vous la devez à la presse, parce que la presse exprime la pensée de la nation entière, et qu’elle est et doit être, comme cette pensée même, diverse, confuse, contradictoire, juste, injuste, sage, absurde, violente, magnanime ; parce qu’elle est la conscience de la foule obscure des citoyens comme de l’élite des intelligences, et le miroir où chacun, se voyant au milieu de tous, se compare et se juge ; parce qu’il est indispensable qu’elle dise tout ce qui se croit ou se pense confusément autour de