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Il savait que c’est dans le temple que furent forgés les marteaux qui ébranlèrent le temple. Il disait bien souvent : « Telle est la force de la discipline théologique que seule elle est capable de former les grands impies ; un incrédule qui n’a point passé par nos mains est sans force et sans armes pour le mal. C’est dans nos murs qu’on reçoit toute science, même celle du blasphème. » Il ne demandait au vulgaire des élèves que de l’application et de la droiture, assuré d’en faire de bons desservants. Chez les sujets d’élite, il craignait la curiosité, l’orgueil, l’audace mauvaise de l’esprit et jusqu’aux vertus qui ont perdu les anges.

— Monsieur Perruque, dit-il brusquement, voyons les notes de Piédagnel.

Le préfet des études, avec son pouce mouillé sur les lèvres, feuilleta le registre et puis souligna de son gros index cerclé de noir les lignes tracées en marge du cahier :

« M. Piédagnel tient des propos inconsidérés. »

« M. Piédagnel incline à la tristesse. »

« M. Piédagnel se refuse à tout exercice physique. »

Le directeur lut et secoua la tête. Il tourna le feuillet et lut encore :

« M. Piédagnel a fait un mauvais devoir sur l’unité de la foi. »

Alors l’abbé Lantaigne éclata :

— L’unité, voilà donc ce qu’il ne concevra jamais ! Et pourtant c’est l’idée dont le prêtre doit se pénétrer avant toute autre. Car je ne