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fait et si grande en esprit, je pris soin de le rassurer :

— Ne perdez pas confiance, monsieur Esselens ; ne désespérez ni de la justice ni de la France. Tout cela, je vous le dis, finira, comme il convient, par la réhabilitation de l’innocent et le châtiment des coupables. J’en ai l’assurance. Et dites bien à vos élèves et à tous vos amis que la France, loin d’être abaissée, se trouve aujourd’hui précisément au plus haut point du monde, puisqu’on y combat pour une idée.

Je vous prie, mon cher Bergeret, etc.

VIII

M. Bergeret se promenait dans le jardin du Luxembourg, au déclin du jour. Les feuilles desséchées des platanes, qui tombaient en tournoyant à ses pieds, lui donnaient une douce idée de la mort ; il songeait que, pour la nature comme pour l’homme, vivre c’est périr sans cesse, et que les Grecs ingénieux avaient raison de donner à l’amour et à la mort le même visage et le même sourire. Sous la statue de la Marguerite des princesses il rencontra M. Mazure, archiviste départemental, qui était venu passer quelques jours à Paris, dans la science, l’amitié et les divertissements.

— Je viens de voir mon collègue Lehaleur, dit Mazure. La fièvre qu’il a prise à Rennes ne