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occupe. Un an de service militaire, c’est déjà bien long pour un fils de famille. Trois ans, ce serait un véritable désastre. Il est essentiel de trouver un moyen d’exemption. J’avais pensé à la licence ès lettres… je crains que ce ne soit trop difficile. Adhémar est intelligent. Mais il n’a pas de goût pour la littérature.

— Eh bien ! dit M. Bergeret, essayez de l’École des hautes études commerciales, ou de l’Institut commercial, ou de l’École de commerce. Je ne sais si l’École d’horlogerie de Cluses fournit encore un motif d’exemption. Il n’était pas difficile, m’a-t-on dit, d’obtenir le brevet.

— Adhémar ne peut pourtant faire des montres, dit M. de La Barge avec quelque pudeur.

— Essayez de l’École des langues orientales, dit obligeamment M. Bergeret. C’était excellent à l’origine.

— C’est bien gâté depuis, soupira M. de La Barge.

— Il y a encore du bon. Voyez un peu dans le tamoul.

— Le tamoul, vous croyez ?

— Ou le malgache.

— Le malgache, peut-être.

— Il y a aussi une certaine langue polynésienne qui n’était plus parlée, au commencement de ce siècle, que par une vieille femme jaune. Cette femme mourut laissant un perroquet. Un savant allemand recueillit quelques mots de cette langue sur le bec du perroquet. Il en fit un lexique. Peut-être ce lexique est-il