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M. ROMANCEY

Il y a un fait, c’est que le juif nous dévore. Mais patience ! Nous ne manquons pas d’énergie. On trouvera moyen, un jour, de lui faire rendre gorge, et on le mettra tout nu dehors.

LE CITOYEN COTON

Fort bien ! Mais quand vous aurez dépouillé et chassé Israël, lorsque M. de Rothschild aura vendu sa maison pour un âne, les travailleurs en deviendront-ils plus heureux ? Le régime capitaliste leur sera-t-il plus favorable ? Les patrons leur feront-ils des conditions meilleures ? Le jour de notre émancipation sera-t-il plus proche ? Pourquoi serions-nous antisémites ? Quelles raisons aurions-nous de préférer Rodin à Shylock. Est-il plus agréable d’être dévoré par M. Vautour que d’être croqué par Moïse Geiermann. Nous n’avons rien à voir avec la synagogue, mais nous nous méfions de Notre-Dame-de-l’Usine. La puissance inique de l’argent, voilà le mal. Nous sommes également ennemis du capital juif et du capital chrétien. Nous regardons tranquillement les chrétiens et les sémites lutter pour la galette. Que Jacob dépouille saint Pierre ou que saint Pierre mette la main sur le sac du juif, peu nous importe. Mais il nous sera agréable de voir la richesse se concentrer dans un très petit nombre de mains. Notre mission se trouvera ainsi simplifiée le jour de la grande liquidation.