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donnait pour exemple un certain aumônier de cour, israélite d’origine : « Voyez, disait-il, un juif s’est mis dans les curés, et il est devenu monsignor. »

Ne restaurons point les préjugés barbares. Ne recherchons pas si un homme est juif ou chrétien, mais s’il est honnête et s’il se rend utile à son pays.

Le cheval de M. Terremondre commençait à s’ébrouer, et Riquet, s’étant approché de son maître, l’invita d’un regard suppliant et doux à reprendre la promenade commencée.

— Ne croyez pas, du moins, dit M. de Terremondre, que j’enveloppe tous les juifs dans un sentiment d’aveugle réprobation. J’ai parmi eux d’excellents amis. Mais je suis antisémite par patriotisme.

Il tendit la main à M. Bergeret et porta son cheval en avant. Il avait repris tranquillement sa route, quand M. Bergeret le rappela :

— Eh ! cher monsieur de Terremondre, un conseil : puisque la paille est rompue, puisque vous et vos amis vous êtes brouillés avec les juifs, faites en sorte de ne rien leur devoir et rendez leur le dieu que vous leur avez pris. Car vous leur avez pris leur dieu !…