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tège. M. Mazure, s’approchant, lui dit à l’oreille :

— Je n’ignorais point que ce vieux Cassignol eût été, de son vivant, zélé tortionnaire. Mais je ne savais pas qu’il fût si grand calotin. Il se disait libéral !

— Il l’était, répondit M. Bergeret. Il lui fallait bien l’être puisqu’il aspirait à la domination. N’est-ce point par la liberté qu’on s’achemine à l’empire ?…

… Et M. Mazure, qui était libre-penseur, fut pris, à l’idée de la mort, d’un grand désir d’avoir une âme immortelle.

— Je ne crois pas, dit-il, un mot de ce qu’enseignent les diverses églises qui se partagent aujourd’hui la domination spirituelle des peuples. Je sais trop bien comment les dogmes s’élaborent, se forment et se transforment. Mais pourquoi n’y aurait-il pas en nous un principe pensant, et pourquoi ce principe ne survivrait-il pas à cette association d’éléments organiques qu’on nomme la vie ?

— Je voudrais, dit M. Bergeret, vous demander ce que c’est qu’un principe pensant, mais je vous embarrasserais sans doute.

— Nullement, répondit M. Mazure : j’appelle ainsi la cause de la pensée, ou, si vous voulez, la pensée elle-même. Pourquoi la pensée ne serait-elle point immortelle ?

— Oui, pourquoi ? demanda à son tour M. Bergeret.

— Cette supposition n’est point absurde, dit M. Mazure encouragé.

— Et pourquoi, demanda M. Bergeret, un M.