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V

— Il n’est pas convenable, dit Jean Marteau, de manquer de pain. C’est une incorrection. La faim devrait être un délit comme le vagabondage. Mais en fait les deux délits se confondent, et l’article 269 punit de trois à six mois de prison les gens qui n’ont pas de moyens de subsistance. Le vagabondage, dit le code, est l’état des vagabonds, des gens sans aveu, qui n’ont ni domicile certain ni moyens de subsistance et qui n’exercent habituellement aucun métier, aucune profession. Ce sont de grands coupables.

— Il est remarquable, dit M. Bergeret, que l’état de ces vagabonds, passibles de six mois de prison et de dix ans de surveillance, est précisément celui où le bon saint François mit ses compagnons, à Sainte-Marie-des-Anges, et les filles de sainte Claire. Saint François d’Assise et saint Antoine de Padoue, s’ils venaient prêcher aujourd’hui à Paris, risqueraient fort d’aller dans le panier à salade au dépôt de la Préfecture. Ce que j’en dis n’est pas pour dénoncer à la police les moines mendiants qui pullulent maintenant et trublionnent chez nous. Ceux-là ont des moyens d’existence et ils exercent tous les métiers.

— Ils sont respectables puisqu’ils sont riches, dit Jean Marteau, et la mendicité n’est interdite qu’aux pauvres. Ne possédant rien, j’étais un