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— C’est qu’elle a été bien malade, cette petite, dit le docteur Cabane.

Et nous passâmes.

— Pour quel délit a-t-elle été condamnée ?

— Ce n’est pas pour un délit, c’est pour un crime.

— Ah !

— Infanticide.

Au bout d’un long corridor, nous entrâmes dans une petite pièce assez gaie, toute garnie d’armoires, et dont les fenêtres, qui n’étaient pas grillées, donnaient sur la campagne. Là, une jeune femme, fort jolie, écrivait devant un bureau. Debout, près d’elle, une autre, très bien faite, cherchait une clef dans un trousseau pendu à sa ceinture. J’aurais cru volontiers que ce fussent les filles du directeur. Il m’avertit que c’était deux détenues.

— Vous n’avez pas vu qu’elles ont le costume de la maison ?

Je ne l’avais pas remarqué, sans doute parce qu’elles ne le portaient pas comme les autres.

— Leurs robes sont mieux faites et leurs bonnets, plus petits, laissent voir les cheveux.

— C’est, me répondit le vieux directeur, qu’il est bien difficile d’empêcher une femme de montrer ses cheveux, quand ils sont beaux. Celles-ci sont soumises au régime commun et astreintes au travail.

— Que font-elles ?

— L’une est archiviste et l’autre bibliothécaire.

Il n’y avait pas besoin de le demander : c’é-