Page:France - Opinions sociales, vol 1, 1902.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« La liberté m’est apparue vaincue. Après le 13 juin, quand j’ai vu la République à terre, son droit m’a frappé et touché d’autant plus qu’elle était agonisante. C’est alors que je suis allé à elle. »

À compter de ce jour, il la défendit ardemment par ses actes et ses paroles. En 1850, M. de Falloux, ministre de l’instruction publique, présenta à l’Assemblée législative un projet de loi qui livrait l’instruction publique au clergé. C’est ce que les cléricaux appelaient, comme aujourd’hui, assurer la liberté de l’enseignement. Victor Hugo, membre de l’Assemblée, combattit cette loi qu’il dénonçait comme un « traquenard clérical caché sous un beau nom ». Il faut rappeler quelques mots de ce discours :

Victor Hugo y disait aux cléricaux :

« … Il n’y a pas un poète, pas un écrivain, pas un philosophe, pas un penseur que vous acceptiez. Et tout ce qui a été écrit, trouvé, rêvé, déduit, illuminé, imaginé, inventé par les génies, le trésor de la civilisation, l’héritage séculaire des générations, le patrimoine commun des intelligences, vous le rejetez !

» … Et vous réclamez la liberté d’enseigner ! Tenez, soyons sincères, entendons-nous sur la liberté que vous réclamez : c’est la liberté de ne pas enseigner.

» Ah ! vous voulez qu’on vous donne des peuples à instruire ! Fort bien. — Voyons vos élèves. Voyons vos produits. Qu’est-ce que vous avez fait de l’Italie ? Qu’est-ce que vous avez fait de l’Espagne ?… »