Page:France - Opinions sociales, vol 1, 1902.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ALLOCUTION

PRONONCÉE AU FESTIVAL ORGANISÉ EN L’HONNEUR DE VICTOR HUGO PAR LA SOCIÉTÉ DES UNIVERSITÉS POPULAIRES ET LES UNIVERSITÉS POPULAIRES DE PARIS ET DE LA BANLIEUE, SALLE DU TROCADÉRO, LE DIMANCHE 2 MARS 1902.


Citoyennes et citoyens,

Le 1er juin 1885, un cercueil déposé sous l’Arc de Triomphe était conduit au Panthéon par tout le peuple de Paris et par les représentants de la France et du monde pensant. Sur les voies suivies par le cortège funèbre et triomphal, la flamme des lanternes tremblait au jour sous un crêpe ; des mâts, plantés d’espace en espace, portaient des écussons sur lesquels on lisait des inscriptions, et ce n’était point des noms de batailles, c’était des titres de livres. Car les honneurs jusque-là réservés aux rois et aux empereurs, aux souverains et aux conquérants, la foule émue les décernait à un homme de travail et de pensée, qui n’avait exercé de puissance que par le langage.

« Au Penseur ! » Ce mot revenait sans cesse sur les bannières qui marchaient derrière le mort glorieux. Et ces funérailles instituées, non par un décret des pouvoirs publics, mais