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les sujets gracieux. Mettez en scène une jeune fille, une charmante jeune fille. Ce n’est pas difficile.

» — Non, ce n’est pas difficile.

» — Ne pourriez-vous pas introduire aussi dans le conte un petit ramoneur ? J’ai une illustration toute faite, une gravure en couleurs, qui représente une jolie jeune fille faisant l’aumône à un petit ramoneur, sur les marches de la Madeleine. Ce serait une occasion de l’employer… Il fait froid, il neige ; la jolie demoiselle fait la charité au petit ramoneur… Vous voyez cela ?…

» — Je vois cela.

» — Vous broderez sur ce thème.

» — Je broderai. Le petit ramoneur, transporté de reconnaissance, se jette au cou de la jolie demoiselle qui se trouve être la propre fille de M. le comte de Linotte. Il lui donne un baiser et imprime sur la joue de cette gracieuse enfant un petit O de suie, un joli petit O tout rond et tout noir. Il l’aime. Edmée (elle se nomme Edmée) n’est pas insensible à un sentiment si sincère et si ingénu… Il me semble que l’idée est assez touchante.

» — Oui… vous pourrez en faire quelque chose.

» — Vous m’encouragez à continuer… Rentrée dans son appartement somptueux du boulevard Malesherbes, Edmée éprouve pour la première fois de la répugnance à se débarbouiller ; elle voudrait garder sur la joue l’empreinte des lèvres qui s’y sont posées. Cepen-