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par l’esprit et par le cœur. L’étude est facile en somme si l’on a tout le loisir de s’y livrer, et c’est un vrai travail attrayant quand c’est notre seul travail. Mais s’y mettre après la fatigue d’un dur labeur, quand on a déjà porté le rude poids du jour, c’est là qu’est l’effort superbe et le courage.

Vous avez fait cet effort, vous avez eu le courage, citoyens, et vous avez conduit cette entreprise avec autant d’habileté que de vaillance. La méthode que vous avez adoptée pour vous instruire est excellente. Vous avez d’abord recherché, sans autre aide que des livres, la situation que la planète que nous habitons occupe dans l’univers et jeté un regard sur les mondes semés dans l’espace illimité. En déchirant la voûte théologique du ciel, vous avez détruit du même coup d’antiques superstitions. Après une année occupée à reconnaître la position réelle de notre monde dans la multitude des mondes, vous avez employé une année à étudier la constitution de la terre. Vous avez vu la vie sortir comme la Vénus antique de la chaude écume des mers primitives. Elle se manifestait alors par des organismes rudimentaires dont les transformations successives ont abouti à la flore et à la faune actuelles. Vous avez suivi anneau par anneau cette chaîne des êtres qui va des mollusques, des poissons, aux mammifères supérieurs, à l’homme. Là encore vous avez substitué à des conceptions théologiques fondées sur des fables grossières une idée expérimentale des origines humaines. Vous avez considéré les faibles commencements de l’homme et admiré par quels