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nous enseigne que la privation, la souffrance et la douleur sont des biens désirables et qu’il y a des mérites spéciaux attachés à la privation volontaire. Quelle imposture ! C’est en disant aux peuples qu’il faut souffrir en ce monde pour être heureux dans l’autre qu’on a obtenu d’eux une pitoyable résignation à toutes les oppressions et à toutes les iniquités. N’écoutons pas les prêtres qui enseignent que la souffrance est excellente. C’est la joie qui est bonne !

Nos instincts, nos organes, notre nature physique et morale, tout notre être nous conseille de chercher le bonheur sur la terre. Il est difficile de le rencontrer. Ne le fuyons point. Ne craignons pas la joie ; et lorsqu’une forme heureuse ou une pensée riante nous offre du plaisir, ne la refusons pas. Votre association est de cet avis. Elle est prête à vous offrir, avec des pensées utiles, des pensées agréables, qui sont utiles aussi. Elle vous fera connaître les grands poètes : Racine, Corneille, Molière, Victor Hugo, Shakespeare. Ainsi nourris, vos esprits croîtront en force et en beauté.

Et il est temps, citoyens, qu’on sente votre force, et que votre volonté, plus claire et plus belle, s’impose pour établir un peu de raison et d’équité dans un monde qui n’obéit plus qu’aux suggestions de l’égoïsme et de la peur. Nous avons vu ces derniers temps la société bourgeoise et ses chefs incapables de nous assurer la justice, je ne dis pas la justice idéale et future, mais seulement la vieille justice boiteuse, survivante des âges rudes. Celle-là, qui les