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furent toujours. L’air et la lumière appartiennent en commun à tout ce qui respire et voit la clarté du jour. Après les travaux séculaires de l’égoïsme et de l’avarice, en dépit des efforts violents des individus pour saisir et garder des trésors, les biens individuels dont jouissent les plus riches d’entre nous sont encore peu de chose en comparaison de ceux qui appartiennent indistinctement à tous les hommes. Et dans notre société même, ne vois-tu pas que les biens les plus doux ou les plus splendides, routes, fleuves, forêts autrefois royales, bibliothèques, musées appartiennent à tous ? Aucun riche ne possède plus que moi ce vieux chêne de Fontainebleau ou ce tableau du Louvre. Et ils sont plus à moi qu’au riche, si je sais mieux en jouir. La propriété collective, qu’on redoute comme un monstre lointain, nous entoure déjà sous mille formes familières. Elle effraye quand on l’annonce, et l’on use déjà des avantages qu’elle procure.

» Les positivistes qui s’assemblent dans la maison d’Auguste Comte, autour du vénéré M. Pierre Laffitte, ne sont point pressés de devenir socialistes. Mais l’un d’eux a fait cette remarque judicieuse que la propriété est de source sociale. Et rien n’est plus vrai, puisque toute propriété acquise par un effort individuel n’a pu naître et subsister que par le concours de la communauté toute entière. Et puisque la propriété privée est de source sociale, ce n’est point en méconnaître l’origine ni en corrompre l’essence que de l’étendre à la communauté et