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DAPHNIS ET CHLOÉ DE LONGUS TRADUCTION D'AMYOT

Ainfi qu'ilz mangeoyent enfemble, ayant moins de fouci de manger que de s'entrebaifer, ilz apperceurent une barque de pefcheurs, qui paffoit au long de la cofte : il ne faifoit bruit quelconque, & eftoit la mer fort calme, au moyen de quoy les pefcheurs s'eftoyent mis à ramer à la plus grande diligence qu'ilz pouvoyent, pour porter en quelques bonnes maifons de la ville du poiffon tout fraiz pefché ; & ce que les autres mariniers & gens de rames ont tousjours accouftumé de faire pour foulager leur travail, ces pefcheurs le faifoyent alors ; c'eft que l'un d'entre eux, pour donner courage aux autres, chantoit ne fçays quel chant de marine, dont la cadence regloit le mouvement des rames & les autres, de mefme qu'en un choeur de musique, uniffoient par intervalles leur voix à celles du chanteur.

     (Romans Grecs. A Paris, chez Lefèvre,
     éditeur, 1841. - P. 66).