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marteau décisif, duquel résulte la belle tournure et le je ne sais quoi qui est l’empreinte de l’ouvrier artiste.

Le livre n’est plus cousu aujourd’hui de la façon qu’il l’était autrefois. La quadruple ou quintuple ficelle sous laquelle viennent passer tous les fils destinés à retenir les feuillets, et qui faisait horizontalement saillie sur le dos des vieux livres, est maintenant engagée dans un cran pratiqué dans les feuilles mêmes, au moyen d’une petite scie : cela s’appelle grecquer. Et ce terme implique, selon toute apparence, que c’est là une sorte de tricherie pour gagner du temps et pour échapper à l’obligation de faire piquer à l’aiguille par de bonne ouvrières. Il résulte de ce procédé rapide, mais brutal, que le livre s’ouvre extrêmement mal. Un livre de quelque valeur ne doit être honorablement relié que par l’ancienne méthode, c’est-à-dire cousu sur nerfs.

Il faut dire que sur un point la reliure moderne a vaincu en élégance la reliure ancienne. Les plats, qui se soulèvent mal dans les vieilles reliures, jouent maintenant comme des couvercles sur leurs charnières, les gardes ne sont plus cousues avec le livre même, elles sont posées après coup sur les plats ouverts.

L’amateur doit ou faire cartonner son livre, comme nous l’avons dit, ou lui donner pour vêtement soit une demi-reliure, soit une reliure pleine. La demi-reliure n’est pas définitive ; elle n’a pas à