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et, comme disent fort bien les hommes du métier, il n’y a plus d’amour entre le rouleau et la lettre. L’éditeur doit savoir que l’on ne doit pas tirer par des températures extrêmes.

Personne n’ignore que la presse à bras est aujourd’hui remplacée par la machine, qui opère avec une vitesse incomparablement plus grande. Les bons imprimeurs, pourtant, ont tous encore une presse à bras qu’ils réservent aux travaux de luxe. Nous ne manquons jamais d’y faire tirer nos papiers de choix ; nous obtenons ainsi, avec de bons ouvriers, une netteté qui se remarque surtout dans la belle venue des fleurons, des culs-de-lampe et des lettres ornées. Cette netteté, cette pureté d’aspect est due à la main humaine, qui est encore, quoi qu’on dise, le plus admirable des instruments. Il serait absurde de vouloir étendre l’emploi si lent de la presse à bras hors du domaine des produits du plus grand luxe ; la supprimer entièrement serait se priver du seul moyen qu’on ait d’obtenir des tirages d’une parfaite beauté, mais il faut un bras habile, vigilant, prompt à réparer les fautes. Une bonne machine, à tout prendre, vaut mieux qu’un mauvais ouvrier.

Un bon tirage ne doit être ni trop gris, ni trop noir ; il ne doit présenter aucune différence de nuances ni dans l’ensemble des feuilles ni, à plus forte raison, sur une seule feuille ou sur une seule page. La mise en train est l’opération qui le prépare : elle est fort importante et très-déli-