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La justification, c’est-à-dire le contour extérieur du texte, est évidemment en relation avec la grandeur totale du feuillet. Il doit y avoir harmonie. Une marge trop grande est presque aussi laide qu’une marge trop petite. Quelques volumes étalent le faux luxe d’un petit texte perdu comme une île dans un océan de blanc. Jamais de telles fantaisies ne plairont à ceux qui savent que le beau consiste dans la convenance des proportions.

Par la même raison, des caractères trop gros sur une page de petite dimension déplaisent à l’égal d’un texte trop fin sur un grand feuillet.

Pour les livres archaïques, nous songeons tout particulièrement à ceux qui dans leur forme extérieure procèdent du xvie siècle ; nous demandons que les imprimeurs varient plus qu’ils ne le font la composition des titres, des têtes de chapitre et des titres courants. Ils n’y emploient que des capitales ; s’ils les mélangeaient avec des italiques, des bas de casse et des lettres à queue, ils éviteraient l’uniformité, ils réjouiraient l’œil, ce à quoi il ne faut jamais manquer dans les arts industriels, car c’est là leur bus. Les imprimeurs du xvie siècle le savaient : leurs titres, peu imitables à divers points de vue, sont du moins d’excellents modèles quant à la variété des caractères.

Pour que l’aspect d’une page soit satisfaisant, il faut que la distance qui sépare les mots soit