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Les caractères employés par Louis Elzevir et par ses cinq fils, qui furent imprimeurs à Leyde, à La Haye, à Utrecht et à Amsterdam, au commencement du xviie siècle, sont loin d’ailleurs d’être plus beaux que ceux dont les libraires de Lyon ou de Paris faisaient usage au siècle précédent. Mais Louis Elzevir passe pour avoir, dès la fin du xvie siècle, inauguré une réforme qui a prévalu : c’est lui, dit-on, qui le premier distingua dans les minuscules les u et les i, voyelles, des v et des j, consonnes. Quoi qu’il en soit, les Elzevir, bien qu’inférieurs aux Estienne pour la correction des textes, sont justement estimés comme ayant produit, à une époque où l’art de l’imprimerie sommeillait en France, une longue série de petits volumes établis avec goût et tirés avec soin. Leur mérite est grand en cela, mais ce serait une erreur de croire qu’ils possédaient en propre les caractères connus aujourd’hui sous leur nom. Dès 1550, Haultin, de la Rochelle, employait les caractères dont les Elzevir devaient plus tard se servir.

Vers 1855, un homme qui fit beaucoup pour son art et dont la mémoire doit être grandement estimée comme celle d’un artiste inventif et délicat, M. Perrin, imprimeur à Lyon, trouva dans la vieille fonderie lyonnaise de MM. Rey des poinçons et des matrices du xvie siècle. Il en acquit une partie ; il dessina et fit graver les séries qui lui manquaient, et il obtint ainsi ces