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Et puis, voilà-t-il pas qu’un beau jour, alors qu’il se précipitait sur un voyageur dont le bagage nombreux et l’apparence cossue lui semblaient du meilleur augure, Raphaël avait reconnu dans ce voyageur cossu le señor Castanio, son ancien maître !

Certes, le señor Castanio avait dès longtemps pris son parti de l’ingrat abandon de son groom havanais, et, bien qu’il sût parfaitement ce qu’il était devenu, il ne l’avait jamais poursuivi, jamais il n’eût songé à lui nuire ni à entraver sa carrière nouvelle.

Il n’empêche que Raphaël, que le hasard n’avait pas encore remis face à face avec le señor Castanio, Raphaël en éprouva un vague et soudain malaise, et, plutôt que de rester face à face, en effet, avait préféré prestement lui tourner les talons.

Or, en rentrant, à l’improviste, tout ému et tout essoufflé, dans la petite chambre qui abritait la raison sociale « Raphaël et Trompette », il trouva la ledit Trompette, qui ne l’attendait guère, car c’était l’heure où Raphaël était « de service » à la gare.

Ledit Trompette usait de sa solitude pour coudre soigneusement, dans la doublure de son veston, les menus profits de sa journée, dont son associé