Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VI

Les Tribulations d’un Négrillon



Le nouveau venu qui, s’approchant du banc, apostrophait notre négrillon avec ce sans-gêne ironique — le Rouquin !… — le nouveau venu appartenait à cette classe de petits jeunes gens, dont les faubourgs de Paris sont les premiers de l’univers civilisé à s’enorgueillir, mais que l’on trouve poussant également entre les pavés de toutes les villes : classe qui comprenait Gavroche, et qui renferme, par la même occasion, tout ce que l’on compte au monde de « petits voyous ».

Celui-là, — il pouvait bien avoir dans les quatorze ans, — tenait le milieu entre le « petit voyou » vulgaire et le légendaire Gavroche ; et les circonstances sont, pour nous, demeurées obscures, qui l’avaient emmené à Bilbao, des quais de Bordeaux où il était né.

Tout ce dont Chocolat se souvienne, sur ce compagnon de jeunesse qu’il a complètement, par la suite, perdu de vue, c’est qu’il s’appelait Bertrand, et qu’on le surnommait couramment Trompette.