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instant, s’était arrêtée, au milieu de la cour, et donnait à manger à ses poules…

Il eut un dernier regard pour la jument grise…

Et puis, s’étant laissé glisser au bas de l’arbre, résolument, à grandes enjambées, le petit Raphaël prit le chemin de Bilbao.

C’est sur un banc de square que Raphaël fit, dès l’arrivée, son premier déjeuner à Bilbao.



Ce premier déjeuner, parbleu, cela allait tout seul : n’avait-il pas le petit panier de provisions qu’on lui donnait chaque jour à emporter à l’école ?

Les difficultés commenceraient avec les repas suivants ; Raphaël n’avait pas un sou, car vous pensez bien qu’on avait cessé de lui confier la moindre somme, depuis la fâcheuse histoire des quatorze francs.

Et avec cela, il ne pouvait guère songer à rien garder en réserve de ce déjeuner, à économiser, comme on dit, sur la nourriture : sa course matinale jusqu’à Bilbao lui avait donné un appétit de tous les diables, et aussi bien, pour se mettre à la conquête du monde, le premier point était d’avoir l’estomac solidement lesté.

Tout de même, en dépit de l’optimisme naturel aux personnes qui sont en train, fut-ce pour la dernière fois, de manger convenablement, à leur faim, l’optimisme du jeune Raphaël n’allait pas sans une certaine inquiétude, à mesure